l'idéologie du "gender"



"Il est nécessaire qu'il existe quelque chose comme une écologie de l'homme, entendue d'une juste manière. Il ne s'agit pas d'une métaphysique dépassée, si l'Eglise parle de la nature de l'être humain comme homme et femme et demande que cet ordre de la création soit respecté. Ici, il s'agit de fait de la foi dans le Créateur et de l'écoute du langage de la création, dont le mépris serait une autodestruction de l'homme et donc une destruction de l'œuvre de Dieu lui-même."

Benoît XVI, Discours à la Curie romaine du 22 décembre 2008, 1

le sexe remplacé par le genre

Nous assistons depuis quelque temps à une promotion forte, en Suisse et dans le monde, d'une théorie nouvelle, appelée concept de "gender", ou "genre". Sur le motif de vouloir lutter contre toute forme de domination de l'homme sur la femme et de discrimination des homosexuels par les hétérosexuels, il bouleverse profondément la compréhension de ce que sont l'homme et la femme. En effet, derrière ce concept de gender se cache une idéologie qui nie la différence sexuelle et la complémentarité naturelle entre l'homme et la femme. Cette idéologie remplace le mot sexe (qui désigne une détermination objective et naturelle du corps humain) par celui de genre, où masculin et féminin deviennent des constructions socioculturelles arbitraires qu'il est possible de défaire.

sexe et culture

"Cette idéologie prétend qu'il convient de dissocier le sexe biologique de sa dimension culturelle - c'est-à-dire, de l'identité de genre, qui se décline au masculin ou au féminin, voire dans un genre neutre, dans lequel on fait entrer toutes sortes d'orientations sexuelles - afin de mieux établir l'égalité entre les hommes et les femmes et de promouvoir les diverses "identités" sexuelles. Ainsi, le genre masculin ou féminin ne s'inscrirait plus dans la continuité du sexe biologique puisqu'il ne lui est pas intrinsèque, mais serait simplement la conséquence d'une construction culturelle et sociale." (Hubert Lelièvre, La famille face au défi du gender, Editions Peuple Libre 2012, p. 51-52).

L'idéologie du genre oppose nature et culture et entend affranchir l'homme (en fait, surtout la femme) de cette culture pour pouvoir s'auto-déterminer en toute liberté, jusque dans son être-homme ou son être-femme.

l'unité de la personne

L'intention de l'idéologie du gender - éradiquer les dominations - peut être louable, ses fondements intellectuels sont contestables et risquent fort de faire plus de mal que de bien, même du point de vue de ceux qui les invoquent. En effet, l'idéologie du genre met à mal la conception de la personne, faite d'une âme et d'un corps qui constituent une unité. Cette unité est perturbée par la possibilité de choisir, soi-même et à tout moment, son orientation sexuelle, donc de modifier la composante corporelle de la personne (même si les chromosomes XX féminins et XY masculins ne changent jamais en cas de changement de sexe !).

"La corporéité humaine est essentiellement marquée par la sexualité, de sorte que l'être humain existe en version masculine et en version féminine. La détermination sexuelle n'est pas un simple élément accidentel de la personne, mais elle constitue une caractéristique décisive pour la compréhension de sa nature et du fait qu'elle a été créée à l'image et à la ressemblance de Dieu" (Livio Melina, Amour conjugal et vocation à la sainteté, Editions de l'Emmanuel 2001, p. 75).

nature contre liberté

Le gender  restreint le sens de "nature" à la nature physique et biologique. "La liberté s’affirmerait ainsi contre la nature, en échappant à ses servitudes et en en disposant à son gré. Car la nature, ainsi posée dans l’extériorité n’est porteuse d’aucun message pour la personne. En réalité, la nature est un terme de portée métaphysique. Elle désigne l’essence d’un être, ce qu’il est, en tant que, lancée dans l’existence, elle exerce ses activités propres. C’est se condamner à une impasse, que d’opposer liberté et nature. La liberté responsable de la personne est appelée à poser des actes délibérés conformes aux exigences de son être de sujet, composé de l’âme spirituelle et du corps dont celle-ci est la forme. C’est pourquoi le corps lui-même est porteur de messages pour la personne." (Editorial de Nova et Vetera 3, 2009 : tout l'éditorial est à lire).

"Ce qui est souvent exprimé et entendu par le terme "gender", se résout en définitive dans l'auto-émancipation de l'homme par rapport à la création et au Créateur. L'homme veut se construire tout seul et décider toujours et exclusivement tout seul de ce qui le concerne. Mais de cette manière, il vit contre la vérité, il vit contre l'Esprit créateur. Les forêts tropicales méritent, en effet, notre protection, mais l'homme ne la mérite pas moins en tant que créature, dans laquelle est inscrit un message qui ne signifie pas la contradiction de notre liberté, mais sa condition." (Benoît XVI, Discours à la Curie romaine du 22 décembre 2008, 1).

la réponse : la théologie du corps

La théologie du corps de Jean-Paul II apporte toutes les réponses face à l'idéologie du gender : non seulement en faisant découvrir la vraie nature de l'homme et de la femme (nature créée et voulue par Dieu dans une complémentarité qui est une claire indication de l'intention de Dieu en les créant homme et femme) ; mais encore en réalisant pleinement la louable intention de l'idéologie du gender cherchant à éradiquer les dominations, grâce au principe de la "soumission réciproque" de l'homme et de la femme tel que développé par Jean-Paul II.

"Dans le récit de la Genèse, Adam ne crée pas Eve ; il la découvre et il l’accueille avec le mystère de communion dont elle est porteuse. Par là-même il découvre une dimension essentielle de sa subjectivité qui est la capacité de don de soi, de dialogue et de réciprocité. (...). L’homme et la femme comme personnes sont égaux en dignité, mais en acceptant leur nature, ils y découvrent la complémentarité de vocations vécues dans la communion." (Editorial de Nova et Vetera 3, 2009).