Humanae Vitae



"L'encyclique Humanae vitae nous permet de tracer une esquisse de la spiritualité conjugale. Voilà le climat humain et surnaturel dans lequel se forme l'harmonie intérieure du mariage. Cette harmonie signifie que les époux vivent ensemble dans la vérité intérieure du langage des corps."

Jean-Paul II, 21 novembre 1984, 6

les deux significations de l'acte conjugal

L'Encyclique de Paul VI du 25 juillet 1968 avait approfondie les exigences de l'amour humain, qui est un amour "pleinement humain, c'est-à-dire à la fois sensible et spirituel", "un amour total", "un amour fidèle et exclusif jusqu'à la mort" et "un amour fécond" (Humanae Vitae, 9). L'Encyclique enseignait que "tout acte matrimonial doit rester ouvert à la transmission de la vie. Cette doctrine, plusieurs fois exposée par le Magistère, est fondée sur le lien indissoluble, que Dieu a voulu et que l'homme ne peut rompre de son initiative, entre les deux significations de l'acte conjugal : union et procréation." (ibid., 11-12). Jean-Paul II s'approprie complètement cet enseignement, en affirmant même qu'en un certain sens, toute sa théologie du corps constitue un ample commentaire de la doctrine contenue dans Humanae Vitae (voir catéchèse 28.11.1984, 2). 

Yves Semen met ceci en perspective en faisant ressortir la spécificité de l'approche de Jean-Paul II : "Il confirme, en les commentant, les conclusions éthiques d'Humanae Vitae, mais toute sa théologie du corps constitue un cadre anthropologique nouveau qui permet de comprendre la justification des règles éthiques énoncées par l'encyclique. Ces attendus anthropologiques, nécessaires pour (...) comprendre le bien-fondé des règles éthiques en matière de sexualité, Jean-Paul II va les chercher dans une approche théologique de la sexualité, alors que Paul VI dans Humanae Vitae adoptait une approche de nature plutôt philosophique, fondée sur l'exigence de respect de la loi naturelle. Il s'agit moins pour Jean-Paul II d'énoncer ce que sont les fins de la nature en matière de sexualité que de s'interroger sur ce qu'était le plan de Dieu dans la création de l'homme et de la femme comme des êtres sexués, ce caractère sexué étant la marque de leur vocation à la communion." (Yves Semen, La spiritualité selon Jean-Paul II, p. 252). // Suite.