éthique de la sexualité



"Et quand ils deviennent "un seul corps" – ô admirable union – à l'horizon de cette union pointent la paternité et la maternité. C'est alors qu'ils remontent aux sources de la vie qu'ils portent en eux."

Jean-Paul II, Triptyque romain

 

fondements d'une éthique de la sexualité

D'abord, l'expérience de la solitude originelle nous apprend que, de par sa significationsymbolique, le corps est signe extérieur d'une réalité intérieure. Dès lors, dans l'acte sexuel, où l'homme et la femme "deviennent une seule chair" (Gn 2, 24), l'union de leurs corps est destinée à être le signe extérieur de l'union de leurs âmes.

l'union des coeurs

Il s'ensuit le critère no. 1 : l'union sexuelle des corps présuppose l'union des coeurs, qu'elle est fondamentalement un acte d'amour

Ensuite, dans l'expérience de l'unité originelle, nous comprenons que le corps est sponsal, c'est-à-dire fait pour cette forme suprême d'amour qu'est l'amour "don de soi". Dans l'acte sexuel, l'homme et la femme se donnent l'un à l'autre, complètement. Par leur sexualité, ils parlent ce "langage du corps" qui affirme leur amour mutuel comme don total de soi à l'autre. Jean-Paul II explique que "l'homme et la femme sont appelés à exprimer ce mystérieux langage de leurs corps dans toute la vérité qui lui est propre. C'est à travers les gestes et les réactions, à travers tout le dynamisme de la tension et de la jouissance qui se conditionnent réciproquement (...) que l'homme, la personne, s'exprime. (...). L'homme et la femme s'expriment eux-mêmes à la mesure de la vérité de leur personne." (catéchèse 22.08.1984, 4). "Etant donné qu'il s'agit là d'une communion entre des personnes, ce langage du corps doit être jugé d'après le critère de la vérité." (ibid., 5).

langage des corps dans la vérité

ll s'ensuit le critère no. 2 : en tant que langage authentique, l'union sexuelle des corps est soumise aux exigences de la vérité propre à la communion de deux personnes, homme et femme. "Une telle communion exige en effet que le langage du corps soit exprimé dans la réciprocité, dans toute la vérité de ce qu'il signifie. Si cette vérité vient à manquer, on ne saurait parler ni de vérité dans la maîtrise de soi, ni de vérité dans le don réciproque et dans l'accueil réciproque de soi de la part de la personne." (ibid., 6).

Enfin, dans l'expérience de la nudité originelle, nous comprenons que l'acte sexuel, pour être expression mutuelle du don de soi, doit être un acte profondément libre. Jean-Paul II éclaire cette liberté par les paroles de saint Paul : "Vous en effet, mes frères, vous avez été appelé à la liberté ; seulement, que cette liberté ne tourne pas en prétexte pour vivre selon la chair; mais par la charité mettez-vous au service les uns des autres. Car un seul précepte contient toute la loi en sa plénitude : Tu aimeras ton prochain comme toi-même." (Ga 5, 13-14). La concupiscence de la chair, par laquelle on considère l'autre non pas comme une personne mais comme un objet de jouissance, entrave cette liberté : celui qui "vit selon la chair", explique le Pape, "perd la capacité d'avoir cette liberté pour laquelle le Christ nous a rendus libres ; il n'est plus capable de faire ce vrai don de soi-même qui est fruit et expression de cette liberté; et de même il devient incapable de ce don qui est organiquement lié à la signification conjugale [= sponsale] du corps humain" (catéchèse 14.01.1981, 3).

la liberté du don

ll s'ensuit le critère no. 3 : l'union sexuelle des corps présuppose la liberté du don qui fait qu'au lieu de se servir de l'autre, l'on se met au service de l'autre, car il s'agit de "la liberté qui trouve sa plénitude dans la charité, la liberté grâce à laquelle nous sommes "au service les uns des autres" " (ibid.). "Et c'est cette dimension - la dimension de la liberté du don - qui est essentielle et décisive dans ce langage du corps à travers lequel l'homme et la femme s'expriment mutuellement dans l'union conjugale" (catéchèse 22.08.1984, 5). // Suite.