le corps et la charité

le corps et la charité

Evagre le Pontique, moine du IVe siècle

Les païens ont préféré la justice, qui comprend toutes les vertus, car elle distribue à chacun ce qui lui revient, en apprenant ce qui convient le mieux ; elle fait disparaître les péchés en acte ; c'est elle aussi que la foi prescrit. Mais selon les enseignements du Christ, c'est la charité qui comprend toutes les vertus, et en effet elle purifie l'homme intérieur, en retranchant les péchés en pensée. Cinq objets servent de matière à la pratique : le corps, les hommes, les nourritures, les richesses, les biens, mais le plus précieux de tous est le corps.

Les vertus corporelles sont : jeûner, veiller, travailler, secourir le nécessiteux, etc. Les vertus psychiques sont : douceur, charité, abstinence, absence de rancune, etc. Si donc il nous arrive de ne pas jeûner ou de ne pas veiller à cause de la maladie ou pour une autre raison, le Seigneur en sait la raison; mais la longanimité et la charité, il n'y a pas de moment où nous ne devions les garder.

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Evagre le Pontique, Chapitres des disciples d'Evagre 7, 15 et 54, dans : Sources Chrétiennes 514, Cerf 2007, p. 109-111, 119, 155-157.