la crise, étape de croissance

la crise, étape de croissance

Pape Benoît XVI

A l'heure actuelle, une urgence profondément ressentie est certainement celle des séparations et des divorces. (…). Comme votre expérience le démontre, la crise conjugale - nous parlons ici de crises sérieuses et graves - constitue une réalité à deux faces. D'une part elle se présente, en particulier dans sa phase aiguë et la plus douloureuse, comme un échec, comme la preuve que le rêve est fini ou s'est transformé en un cauchemar et que, malheureusement, "il n'y a plus rien à faire". C'est l'aspect négatif. Mais il y a un autre aspect, qui nous est souvent inconnu, mais que Dieu voit. Chaque crise, en effet, - la nature nous l'enseigne - est un passage à une nouvelle phase de vie. Cependant, si chez les créatures inférieures cela se produit automatiquement, chez l'homme cela implique la liberté, la volonté et, donc, une "espérance plus grande" que le désespoir.

Dans les moments les plus sombres, les conjoints ont perdu l'espérance; il y a alors besoin que d'autres personnes la conservent, d'un "nous", d'une compagnie d'amis véritables qui, dans le plus grand respect, mais aussi avec une sincère volonté de bien, soient prêts à partager un peu de leur espérance avec ceux qui l'ont perdue. Pas de manière sentimentale ou velléitaire, mais organisée et réaliste. Vous devenez ainsi, au moment de la rupture, la possibilité concrète pour le couple d'avoir une référence positive, à laquelle se confier dans le désespoir. En effet, lorsque la relation dégénère, les conjoints sombrent dans la solitude, tant individuelle que du couple. Ils perdent l'horizon de la communion avec Dieu, avec les autres et avec l'Eglise. (…).

La crise est donc une étape de croissance. C'est dans cette perspective que l'on peut lire le récit des noces de Cana (Jn 2, 1-11). La Vierge Marie s'aperçoit que les époux "n'ont plus de vin" et elle le dit à Jésus. Ce manque de vin fait penser au moment où, dans la vie de couple, l'amour finit, la joie s'épuise et l'enthousiasme du mariage diminue brutalement. Après que Jésus eut transformé l'eau en vin, ils firent des compliments à l'époux car - disaient-ils - il avait conservé jusqu'à ce moment "le bon vin".

Cela signifie que le vin de Jésus était meilleur que le précédent. Nous savons que ce "bon vin" est le symbole du salut, de la nouvelle alliance nuptiale que Jésus est venu réaliser avec l'humanité. C'est précisément de celle-ci que chaque mariage chrétien est le sacrement, même le plus difficile et vacillant, et il peut donc trouver dans l'humilité le courage de demander de l'aide au Seigneur.

Aujourd'hui, en effet, lorsqu'un couple entre en crise, il trouve de nombreuses personnes prêtes à lui conseiller la séparation. Même aux époux mariés au nom du Seigneur on propose le divorce avec facilité, oubliant que l'homme ne peut pas séparer ce que Dieu a uni (cf. Mt 19, 6; Mc 10, 9).

Lorsqu'un couple en difficulté, ou - comme le démontre votre expérience - même déjà séparé, s'en remet à Marie et s'adresse à Celui qui a fait des deux époux "une seule chair", il peut être certain que cette crise deviendra, avec l'aide du Seigneur, un passage de croissance, et que l'amour en sortira purifié, mûri, renforcé. Seul Dieu est en mesure de faire cela (…). C'est Lui qui ravive et qui refait brûler la flamme; pas de la même façon que lorsque l'on tombe amoureux bien sûr, mais d'une manière différente, plus intense et profonde: la flamme étant cependant toujours la même.

Pour accomplir votre mission, vous avez vous aussi besoin de nourrir sans cesse votre vie spirituelle, de mettre de l'amour dans ce que vous faites pour que, au contact des réalités difficiles, votre espérance ne disparaisse pas ou ne se réduise pas à une formule. (…). Que Marie, Reine de la famille, soit à vos côtés, alors que de tout cœur je vous donne ma Bénédiction apostolique.

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Benoît XVI, discours du 28 septembre 2008 aux participants à la rencontre internationale du mouvement "Retrouvaille".