"L'homme est seul parce qu'il est 'différent' du monde visible, du monde des êtres vivants. (...). Ce processus conduit aussi à la première description de l'être humain comme personne humaine, avec la subjectivité propre qui caractérise la personne."
sans la femme, l'homme est seul
La solitude originelle est l'expérience d'Adam qui vit seul avec Dieu. Sa relation avec Dieu est unique : il peut lui parler et l'écouter. L'homme prend conscience du caractère unique, singulier, de la vie humaine, en relation avec Dieu et avec le Jardin dans lequel il vit. Nous aussi, nous pouvons à notre tour prendre conscience que nous sommes capables de connaître Dieu, le monde, et nous-mêmes.
Or, "Dieu dit : il n'est pas bon que l'homme soit seul. Il faut que je lui fasse une aide qui lui soit assortie" (Gn 2, 18). Il amène tous les animaux devant l'homme, sans ce celui-ci n'y trouve son semblable. Il y a quelque chose qui "cloche" dans le Jardin, il y a quelque chose - ou plutôt quelqu'un - qui manque dans sa vie : la femme.
L'expérience de la solitude originelle nous permet de comprendre que le corps humain est symbolique, c'est-à-dire qu'il est signe extérieur d'une réalité intérieure. Le corps est porteur de l'invisible, il renvoie au-delà de lui-même vers les dimensions spirituelles et invisibles de la personne humaine : l'âme, qui est le principe spirituel de notre être. L'être humain est à la fois visible et invisible ; le corps est dans le temps et l'espace, l'âme est dans l'éternité. Nous vivons dans ces deux mondes à la fois, c'est ce qui nous est propre en tant qu'êtres humains. Voilà pourquoi Adam ne trouvait pas de compagne parmi les animaux, tandis qu'il pouvait entrer en société avec Eve. Seul le corps d'Eve était symbolique, c'est-à-dire qu'il rendait présente la personne d'Eve toute entière, visible et invisible. Nous de même sommes invités, à travers l'expérience du manque de la solitude originelle, à faire cette expérience du besoin de la communion des personnes. // Suite.