la nudité originelle



"La signification originelle de la nudité correspond à cette simplicité et plénitude de vision dans laquelle la compréhension de la signification du corps naît pour ainsi dire du coeur même de leur communauté-communion."

Jean-Paul II, 2 janvier 1980, 1

… et ils n'avaient pas honte l'un devant l'autre

La nudité originelle est la troisième expérience d'Adam et d'Eve au Jardin d'Eden : "Or tous deux étaient nus, l'homme et sa femme, et ils n'avaient pas honte l'un devant l'autre" (Gn 2, 25). La nudité originelle est le signe de la liberté dans la communication, dans le don mutuel. Pour que l'unité originelle soit parfaite, la nudité originelle était nécessaire : pour que l'amour soit vrai, il doit être librement donné et librement accueilli. Cette liberté "consiste à s'abandonner à l'amour de l'autre. Etre libre, c'est choisir de devenir meilleur en acceptant cet amour et les choix qui en découlent. La liberté est affaire de maturité." (Anthony Percy, La théologie du corps décomplexée, p. 39-40).

La honte du corps nu, la honte sexuelle, ne s'installe qu'en conséquence du péché originel, cet acte de défiance et d'orgueil (voir Gn 3, 1-19) qui a rendu le mal attrayant (cela s'appelle la concupiscence) et qui nous rend désormais difficile de faire les bons choix. Après avoir mangé du fruit de l'arbre défendu, "ils connurent qu'ils étaient nus" (Gn 3, 7).  Le péché originel et la concupiscence pèsent sur les autres expériences originelles. Nous avons du mal à sentir la présence de Dieu dans nos vies, à être généreux et à nous donner à un autre, à être libres d'une liberté qui cherche à faire le bien.

L'expérience de la nudité originelle et du péché originel nous permettent de comprendre que le corps humain est à la fois libre et déchu. La liberté est la condition de l'amour. Mais le corps est affecté par le péché originel ; une conséquence en est le désir sexuel désordonné, qui ne parvient plus à se vivre complètement dans la perspective des trois premières expériences originelles. Plus radicalement encore, chacun va expérimenter la condition déchue du corps humain à l'heure de sa mort. // Suite.